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Le traducteur littéraire
--> interprète d'une langue, d'un auteur, d'une culture

Le 17 novembre prochain,  sera remis le Prix Amphi aux lauréats de l’année 2005. Cérémonie officielle se déroulant, comme le veut le protocole, en présence de l’auteur et du traducteur de l’œuvre distinguée.
Saisissons donc l’opportunité que représente un tel événement pour étudier de plus près les aspects techniques et théoriques du métier de traducteur littéraire. Car on ne tarit pas de questions sur cette profession encore mal connue. Qu’est ce que traduire ? Quelles compétences cette activité met-elle à contribution ? Comment parvient-on à mettre en correspondance le style, l’univers d’un écrivain et le savoir-faire d’un traducteur ?

Une large palette de savoir-faire

Il existe, à l’heure de la globalisation économique et de l’explosion des technologies d’information et de communication modernes, différents champs d’activité dans lesquels peuvent s’exercer le métier de traducteur. Traducteur technique, traducteur de pages internet, dans l’audiovisuel. Sachant que le prix amphi œuvre pour sa reconnaissance auprès du public, le traducteur littéraire nous intéresse plus particulièrement.
On ne traduit pas Shakespeare comme on traduit un livre de recettes de cuisine. Pour la simple et bonne raison que, pour adapter Shakespeare en langue francaise, s’impose d’emblée la notion de respect d’un auteur et de son style, d’une œuvre et de sa vérité.

 La tache exige donc :
- d’être tenace (c’est un travail de longue haleine, fait de patience)
- d’avoir une grande curiosité intellectuelle (intêret pour la matière que l’on traite)
- d’avoir une vivacité d’esprit toute entière tournée vers l’organisation et l’exécution du travail.

 

 D’autre part, le métier demande de pouvoir mobiliser des compétences d’horizons divers, bien souvent acquises à la force du poignet (sur les bancs de l’école comme sur sa table de travail)

 Il est donc recommandé dans ce métier de posséder :
- une maîtrise aigüe de sa langue maternelle
- une intelligence de rédaction
- une maîtrise des outils techniques (TAO : traduction assistée par ordinateur, informatique, traitement de texte, internet, terminologie*)
- une connaissance approfondie de la langue source (parfois même de la culture source)
- une bonne culture générale
- une capacité de s’adapter au style de l’auteur
- une faculté à restituer l’esthétisme et la psychologie propre à une œuvre

Enfin, faire preuve d’un réel talent d’écrivain et se spécialiser dans un domaine bien précis sont des atouts majeurs pour un traducteur littéraire exprimant le souhait de faire carrière.
Se rappeler que Gérard de Nerval a traduit Goethe à 18 ans avec seulement quelques rudiments d’allemand et que Proust en a fait de même avec l’œuvre de Ruskin est un encouragement pour tous les nouveaux venus dans la profession 

Fidélité ou liberté : l’éternel dilemme 

Une question hante le traducteur littéraire depuis l’antiquité : comment traduire sans trahir ? C’est bien ce qui constitue le cœur de ce métier pas tout à fait comme les autres.
Le traducteur littéraire est un intermédiaire, l’interprète d’un texte pour un public donné. Son but est d’appréhender le sens d’une œuvre tout en restant lié à la linguistique du texte pour rendre celui-ci aussi lisible que l’original.

Georges Steiner décompose la méthodologie de son travail comme ceci :
- d’abord créer une cohérence entre deux mondes isolés en apparence
- faire interpénétrer ces deux univers par une meilleure compréhension du texte
- trouver une mise en forme pour adapter au mieux la langue de départ à celle du public ciblé

La validité de ce modèle méthodologique se heurte, hélas, au constat suivant ;toute traduction dépend de la subjectivité de celui qui en a la charge :10 traducteurs donneront 10 traductions différentes d’un même texte. Traduire c’est donc progresser entre liberté (recul par rapport au texte) et fidélité (respecter le texte).  

Pendant longtemps, la frontière entre ces 2 démarches est restée franche et nette car chacune des périodes de l’histoire semblait préconiser l’une ou l’autre.

Petit rappel historique :
- Les romains avec Cicéron, faisaient primer le sens et non les mots (rejet de la traduction verbum pro verbo)

- Le Moyen-Age, dans son souci de conserver l’opacité des œuvres, a privilégié le mot à mot

- Le grand traducteur arabe de l’époque des Abassides Hunayn Ibn Ishaq fut l’un des tout premiers à définir la traduction comme l’action de rendre le sens d’un texte sans le trahir en tenant compte du destinataire. Jacques Amyot au XVIéme siècle y ajoutera la notion d’une touche de créativité de la part du traducteur.
- Durant les siècles suivants, émergera le concept de traduction recontextualisation, traduction-reconstruction historique.
- Il faut attendre l’aube du XXème siècle pour voir apparaitre une volonté de réconcilier liberté et fidélité, même si le linguiste Georges Mounin persiste dans l’antinomisme avec sa théorie des verres transparents et des verres colorés,

Walter Benjamin, Valery Larbaud, Maurice Pergnier et d’autres spécialistes de la question se sont évertués à nuancer, relativiser l’importance de la fidélité au texte en le faisant dépendre du public destinataire ou de la nécessité d’une contextualisation culturelle.

Dans la sphère du métier de traducteur littéraire, il y a donc encore une marge de manoeuvre suffisante pour tracer une troisième voie et naviguer au large de Charybde (une littéralité myope) comme de Scylla (une liberté trop grande)

Rapports auteur-traducteur : un contrat de confiance

Comment évoquer le métier de traducteur littéraire en omettant de parler de l’auteur ?
Des manifestations culturelles comme le Prix amphi rappellent à notre mémoire que ces deux professionnels du langage entretiennent des rapports privilégiés ; ils sont souvent amenés à travailler de concert et à épouser le même point de vue pour conserver une cohérence entre le texte original et sa traduction.

Affirmer que l’auteur est omniprésent dans la pratique de la traduction littéraire n’est guère sujet à controverse.
- Il peut, tout d’abord, être le premier interlocuteur du traducteur auprès des maisons d’édition, même si ce sont souvent les responsables du service étranger qui remplisse cette tache, il arrive qu’un auteur, ayant contacté un traducteur en particulier, décide d’imposer son choix à l’éditeur.

- Par ailleurs, le travail du traducteur débute à partir du moment où l’univers, le style de l’auteur est devenu familier, palpable. Si le traducteur comprend et apprécie l’œuvre qui se présente à lui, il en respectera davantage l’atmosphère.

- Bien plus traduire un roman nécessite de mettre en correspondance deux sensibilités différentes : celle de l’auteur avec celle du traducteur pour un résultat plus probant.

On comprend dès lors pourquoi certains traducteurs travaillent avec un et un seul auteur ; la recherche d’une connivence, d’une complicité fructueuse.

Traducteur et auteur forment un couple indissociable dont les axes principaux sont le respect mutuel, la complicité et parfois l’amitié . A ce sujet, Ismail Kadaré, écrivain albanais de renommée mondiale, déclare : « A force de me traduire, Jusuf Vrioni me comprend au-delà de mes livres, dans ma manière de penser et de fonctionner, il a une profonde compréhension non seulement de mon œuvre mais aussi du contexte où elle s’inscrit. Une telle intimité s’est transformée en profonde amitié ».

(Jusuf Vrioni est même devenu l’agent littéraire d’Ismail Kadaré)

Toutefois, notons que la présence de l’auteur ne doit pas être envahissante. Il est déterminant que l’auteur prenne conscience d’une chose : le traducteur doit pouvoir jouir d’une liberté minimum pour mener à bien son labeur, les interventions superflues sont donc à bannir.

Des deux cotés doit régner la confiance ; chacun, à sa place, agit en expert de l’écriture : l’auteur compose un texte, le traducteur l’adapte à un autre idiome.

BIBLIOGRAPHIE

 

Sur les savoirs faire et la pratique du métier

 

- GOLAZEWSKI (Mireille)- POREE (Marc), Méthodologie de l’analyse et de la traduction littéraire, Ellipses, 1998

 

- OUSTINOFF (Michael), La traduction, PUF, Que sais-je ?, Paris, 2003

 

-  Intervention donnée par MSN CARPENTER dans le cadre des conférences sur les métiers à l’Université de Rennes II, le 20 novembre 1999  <http://mcarpenter.chez.tiscali.fr/metiers.htm>

 

- Enquête sociologique de Julie Vitrac sur le métier de traducteur http://www.atlf.org/documents/enquêtejulievitac.pdf

 

- Les métiers centrés exclusivement sur les langues

<http://langues.siep.be/Faq/fac_1_1_2.html>  

 

 Revue de presse sur le traducteur composée par Gilles Béchet  http://www.heb.be/isti/lesoir01.htm

 

 

 

Sur le dilemme fidélité-liberté

 

 

-OSEKI-DEPRE (Inès), theories et pratiques de la traduction littéraire, Armand Colin, Paris, 1999

 

-MOUNIN (Georges), la machine a traduire : histoire des problemes linguistiques, Mouton, 1964

 

-CLOUTIER (Philippe)- « Les mots des autres » in :quartier libre http://www.ql.montreal.ca/volume11/numero13/culturev11n13b.html>

 

-Entretien avec Florence Herbulot (membre AAE-ESIT, T60) extrait d’un dossier sur la traduction litteraire http://www.geocities.com/aaeesit/tradlit9.htm?200523

 

-EL MEDJIRA (Nassima)-« fidélité en traduction ou l’eternel souci des traducteurs », in : translation journal, octobre 2001, vol no 5

http://accurapid.com/journal/18fidelite.htm

 

-LEPAPE (Pierre)- « Fidéle, mais à quoi ? », in : Le Monde, 19 mars 1992 http://www.lemonde.fr

 

 

 

Sur le couple auteur-traducteur :

 

 

 

 

-Enquête-dossier sur la traduction littéraire (10 articles) in : Magazine lire, février 1997 http://www.lire.fr/imprimer.asp/idC=32254

 

-DESHUSSES (Pierre)- « L’écrivain et son traducteur » in : Le Monde, 19 février 1999 http://www.lemonde.fr

 

 

-Entretien avec Florence Herbulot (membre AAE-ESIT, T60) extrait d’un dossier sur la traduction litteraire http://www.geocities.com/aaeesit/tradlit9.htm?200523

 

 

 

 

Informations complémentaires sur le sujet

 

-Il existe des associations de traducteurs :

L’ATLF (association des traducteurs littéraires de France) http://www.atlf.oeg

L’ATLAS (assisse de la traduction littéraire en Arles ) crée en 1983

Qui organise un colloque chaque année sur le sujet (mois de novembre)

 

-On peut trouver également des revues spécialisées concernant la traduction : la revue Babel et la revue Meta

 

 

Ecrit par Anthony Leleu, le Jeudi 3 Novembre 2005, 00:07 dans la rubrique Le projet "Prix Amphi" de Lille 3.

Commentaires :

cloock
03-11-05 à 00:16

Ce serait parfait si vous citiez un peu plus précisément vos sources. C'est la technique de base de la documentation.

C. Loock


 
aleleu
03-11-05 à 00:55

Re:

J'ai l'intention de renforcer l'article par l'adjonction d'une bibliographie répertoriant les thèmes abordés. Cela vous semble-il judicieux ?


 
cloock
03-11-05 à 06:57

Re: Re:

C'est ce que je voulais dire ;;;

C. Loock


 
l3icd
03-11-05 à 09:37

LA question...

j'ai beaucoup aimé la partie Fidélité ou liberté :  l’éternel dilemme  de ton texte. C'est une question très intéressante concernant ce métier.

J'ai trouvé ton texte agréable à lire, ce qui n'est pas toujours le cas via l'écran. Une fois les références ajoutées je pense qu'il ne sera pas nécessaire de le modifier.

pauline


 
Florence
03-11-05 à 18:23

... Presque parfait :-)

Je trouve ton article très intéressant, agréable à lire ! Et ce serait parfait si tu pouvais rectifier les quelques fautes d'orthographe qui se sont subrepticement glissées dans ton écrit.

N'oublions pas que tout ça va être lu par beaucoup de monde.


 
redacteur
03-11-05 à 20:22

Texte très intéressant. Le style est fluide et on se prend vite dans la lecture, avide d'informations sur le traducteur. Chapeau pour la partie fidélité ou liberté qui aborde une question que tout le monde se pose de façon pertinente.

Petit bemol : les quelques petites fautes d'orthographes.

Audrey.


 
anne-cécile
06-11-05 à 21:45

article très intéressant et pertinent qui nous en apprend plus sur le métier de traducteur

pourais tu corriger  les quelques fautes d'accents présentent cela le rendrai encore mieux?


 
redacteur
07-11-05 à 10:00

question

je voudrais savoir combien de temps environ ça prends pour traduire un roman ?

Damien