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L'appréciation de la traduction par le jury
--> (sans lire le livre en version originale)
Lille III organsie depuis quatre un prix littéraire [dans le cadre de l'option 'roman traduit' du cursus
Lettres Modernes] qui récompense l'auteur et le traducteur d'un roman traduit pour la première fois
en français. Honorable initiative, peu d'universités françaises en font autant. En tant qu'étudiants en
licence d'information et documentation, nous nous devons de le faire connaître auprès du grand
public, La récompense est la même, à savoir 1500€, aussi bien pour l'auteur que pour le traducteur.
Toutefois il est arrivé un incident étrange. En effet, Madame Gepner n'a pas désiré répondre à mes
questions, les jugeant trop polémiques, et ne désirant pas s'engager dans une contreverse qui n'est
pas sienne.

Car même s'il est évident que l'idée du roman ne vient que de l'auteur, le travail de traduction est
très complexe, et consiste pratiquement en la ré-écriture de l'oeuvre dans une langue étrangère. Le
traducteur de Proleterka, de Fleur Jaeggy, est monsieur Manganaro (photographie en annexe).
L'objectivité pure voudrait que nous rapportions le plus d'informations possibles, en faire l'éloge
aussi bien que la critique, ce qui semble être acceptable et normal. Je me suis particulièrement
intéressé à l'aspect traduction. A savoir comment le jury apprécie le travail du traducteur. Le jury
est composé [entre autres] d'une traductrice, Corinna Gepner, Aussi surprenant que cela puisse
paraître, à l'écoute de l'exposé de monsieur Bernard Escarbelt -responsable du prix amphi-j'apprend
que l'oeuvre traduite récompensée n'est pas lue dans sa langue d'origine, par les membres du jury.
Or cette lecture me semble extrêmement importante, logique et indispensable. Comment peut-on
récompenser un traducteur sur son travail dans ce cas ? Au nombre de fautes d'othographe ? Au
style ? Aux formes syntaxiques ? De fait, j'en déduis qu'il doit s'agir d'un procédé d'appréciation très
particulier qui m'échappe. J'élabore de fait un questionnaire, dans lequel j'interroge la consistance
du prix, sa crédibilité et sa fiabilité. Je m'interroge également sur le travail du traducteur, n'est-ce
pas méprisant de récompenser son travail dans de telles conditions ? Ne pensera-t-il pas être laissé
de côté malgré la récompense, finalement ne serait ce pas qu'une récompense de forme et non de
fond ? Il me fut impossible de joindre monsieur Manganaro pour avoir son avis sur la question.
Après avoir interrogé, par courrier électronique, Madame Gepner à ce sujet. Cette dernière refuse de
répondre aux questions, bien que ne remettant pas en doute leurs pertinences, ni mon droit que
questionner le Prix Amphi; elle les considére comme polémique: (Les questions en annexe) « Par
votre formulation, vous m'engagez malgré moi dans ce qui ressemble à une polémique sur le Prix
Amphi. Je n'ai pas de raison de m'inscrire dans cette critique. Si vous souhaitez faire évoluer ce
Prix, et en soi cette démarche ne me paraît pas critiquable, je vous suggère d'interroger plutôt les
créateurs et organisateurs. » Corinna Gepner

Je me rapproche par la suite de madame Françoise Nahour, traductrice de chinois et membre du
comité de pilotage. Cette dernière me fait remarquer à très juste titre que le Prix Amphi en soit n'est
pas un prix de traduction pur, mais qu'il s'agit bien là d'un diptyque écrivain/traducteur. Elle
m'expliqua que l'appréciation du texte traduit se faisait très naturellement. C'est à dire qu'il ne faut
pas se rendre compte en lisant le livre que c'est traduit de l'étranger, il faut que l'on sente que c'est
un livre écrit en et pour le français. Dès lors que la traduction se fait sentir, que des passages peu
probables en bon français apparaissent, alors le jury optera pour une qualité de traduction moindre.

Voici donc qui permet de mieux comprendre le choix du jury, et on ne peut souhaiter qu'une
évolution du prix dans l'avenir, à savoir considérer le travail de traduction autrement. Le prix
s'organisant dans le cadre de l'option roman traduit des étudiants en Lettres modernes, on pourrait
imaginer un parcours où les étudiants pourraient se rapprocher d'une personne capable de lire le
roman dans sa version originale, et ainsi recueillir son avis sur la traduction, à savoir si le fond et la
forme de l'oeuvre sont respectés entièrement. A savoir si traduire n'est pas synonyme de trahir. On
pourrait également concevoir une étude sur les procédés de traduction réalisés par le traducteur; par
exemple, dans quel mesure peut-on traduire un jeu de mot ? Il me semble qu'ainsi le Prix Amphi
gagnerait beaucoup en terme de reconnaissance nationale, et qu'il puisse dépasser le simple stade
d'un prix universitaire; et devenir un prix fort appréciable pour sa grande qualité littéraire et
technique.

Article rédigé par DEBAECKER JEAN L3ICD
Ecrit par cloock, le Lundi 23 Janvier 2006, 09:24 dans la rubrique Le projet "Prix Amphi" de Lille 3.