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AUTOUR DE PROLETERKA, LE ROMAN GAGNANT 2005

La table ronde de cette journée du 17 novembre s’est achevée par une dernière question de Bernard Escarbelt, qui demandait ce que l’auteur d’un roman pensait de la traduction finie. A cette réponse, nous avons pu entendre dans la bouche de Fleur Jaeggy, auteur du roman gagnant 2005 Proleterka, une réponse en très bon français. Elle répondit bien sur subjectivement et dit :

« Lorsque l’ouvrage fini est dans une langue que je connais un peu, je regarde dedans comme dans une loupe du début à la fin. Jean-Paul le sait très bien (le traducteur) car nous nous téléphonons beaucoup. Je regardais vraiment chaque mot jusqu’à la fin. Par exemple en italien, il arrive qu’on ne dise pas les pronoms personnels comme « je », « tu » mais en français on est obligé de les mettre. J’aime enlever plutôt que mettre. Le français est une langue magnifique et lorsque je parlais avec Jean- Paul, il essayait de m’expliquer qu’il faut mettre les articles. C’est le troisième livre que Jean-Paul traduit pour moi et il connaît mes défauts, quand je préfère un mot à un autre… Même dans les traductions en allemand je regarde tout et certains mots mystiques par exemple, je veux qu’ils soient traduits aussi de cette façon, j’insiste jusqu’à ce que le traducteur me dise que ce n’est pas possible de traduire autrement. (rires) »

La journée a continué, à 16h15 après une petite pause, par une heure consacrée au roman Proleterka où nous avons pu tout d’abord entendre une présentation du roman par trois étudiantes qui ont participé à l’option romans traduits.

 La narratrice a soixante ans et retourne au moment où elle avait seize ans. Cette jeune fille n’a pas d’identité, elle cherche à appréhender son père et chaque mot a son pesant de silence. Sur le bateau, les deux personnages sont distants par leur caractère froid. La narratrice nie la douleur que paraît ressentir l’enfant. Même pour la mort de son père, elle n’exprime aucune émotion : « J’ai pris part aux obsèques, rien d’autre ». Malgré l’indifférence, la présence d’un lien mystérieux et transcendant se dévoile.  Il ont deux attentes différentes face à l’existence, elle est curieuse, impatiente et lui est résigné, passif. Le voyage visait à les rapprocher mais c’est le contraire qui se passe. Ils ne font rien pour, ils ne se connaissent pas plus à la fin du voyage qu'au début et n’en n’ont pas plus envie : « C’est la dernière possibilité de savoir qui est mon père ». A la fin, la narratrice rencontre son vrai père car elle se rend compte que Johannes n’est pas le sien, c’est un coup de théâtre. Dans ce roman, les êtres ont donc pour seule richesse leur lignée.

De son histoire, la jeune fille ne garde que quelque chose qui n’existe finalement pas. C’est le roman de la séparation, du dépassement où le corps d’enfant est torturé par la jeune femme.  On a volé l’adolescence de la jeune fille et c’est donc un roman d’apprentissage et de désenchantement.

 Après l’explication, l’auteur était très émue et a exprimé avoir entendu des choses auxquelles elle n’avait jamais pas pensé.

L’heure « Proleterka » a continué avec une lecture bilingue entre l’auteur (en italien et le traducteur (en français). Drant cette lecture, l'auteur est très concentrée et éprouve le besoin de supprimer certains passages de sa lecture. En revanche, le traducteur, lui, souhaite rester le plus fidèle possible de la langue d'origine en lisant tout le texte. 

A la fin de la lecture, l'auteur remercie les applaudissements du public et dit ensuite à son traducteur: "et bien, à toi maintenant,  remercie aussi ...", ce qui provoque les rires de la salle puis les remerciements de Jean-Paul Manganaro.   

Fleur Jaeggy explique que « la lecture choisie se révèle être la même citée dans les passages de l’explication, ce qui n’est pas un hasard. En effet, cette lecture contient beaucoup d’informations pour le livre, ce qui est un défaut pour le roman.  Une fois que le livre est publié il est très loin de moi mais je garde longtemps les épreuves en mémoire. Quand le livre est publié, c’est un soulagement. En général, quand on écrit, on pense comme à une partition musicale dans un texte, et le rythme par exemple est important. C’est donc important de lire à haute voix. »

Pour finir, le Consul d’Italie a fait l’honneur de venir pour remettre à l’auteur Fleur Jaeggy et au traducteur Jean-Paul Manganaro, le prix remporté (ainsi qu’à chacun un beau bouquet de fleurs). Il a également dit un mot pour remercier l’auteur d’attribuer à son pays une récompense littéraire. La fin de la journée s’est achevée par un cocktail où tous les invités, organisateurs, participants étaient invités.

Ecrit par Aline, le Dimanche 27 Novembre 2005, 21:28 dans la rubrique Le projet "Prix Amphi" de Lille 3.