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Traduire un roman, traduire une culture
--> Table ronde organisée à l'occasion de la remise du prix

Compte rendu de la table ronde sur la traduction littéraire: "traduire un roman, traduire une culture" 

Intervenants : Corinna Gepner (traductrice de romans de langue allemande), Jean Paul Manganaro (traducteur d’œuvres littéraires de langue italienne ) , Françoise Naour (traductrice de langue chinoise), Genevieve Imbot-Bichet (éditrice aux editions « bleu de chine »)
C’est à Bernard Escarbelt (chargé de mission de la politique culturelle de Lille III) que revient la tache d’établir une correspondance entre les diverses interventions.

Membres de l’assistance :
-Fleur Jaeggy, l’auteur de « Proleterka »,lauréat du prix amphi 2005
-Anne Rachel Hermetet et les élèves de l’option roman traduit de la licence lettres modernes
-Christian Loock et les élèves de la licence ICD

L’assistance applaudit Jean Paul Manganaro qui vient d’obtenir un prix récompensant l’ensemble de son œuvre de traduction.
Bernard Escarbelt ouvre le débat en proposant à l’auditoire une présentation  des principaux enjeux de la traduction littéraire, esquissant les différents thèmes propres à l’exercice de cette activité :
-
Peut on voir le roman comme un genre universel ?
-
De quelles manières le traducteur appréhende t-il son travail ?- Qu’implique le fait de traduire une culture ? Est-ce  mettre en correspondance des identités nationales, des particularismes locaux, ou essentiellement combler un fossé linguistique ?
- Comment dans une activité aussi délicate envisager la place de la source (l’auteur) et l’élément lecteur ?

Genevieve Imbot-Bichet prend la parole pour nous parler de son métier d’éditeur et les critères a prendre en compte pour sélectionner une œuvre à traduire, la qualité littéraire et une bonne histoire sont, à ses yeux, ce qui distingue un roman parmi d’autres et ce qui conditionne ses choix.

Pour illustrer les possibilités de faire connaitre une culture donnée par le biais de la traduction, l’éditrice vient compléter les propos de Françoise Naour et nous fait part des évolutions récentes de la littérature chinoise depuis la disparition de Mao.

« Pendant longtemps, le roman chinois est resté comme en apnée, il a connu une renaissance dans les années 1980, par son approche réaliste. Il est devenu une arme de dénonciation des disfonctionnements de la société chinoise »
Françoise Naour, dans le même esprit perçoit  son métier de traductrice comme la volonté de retranscrire et de faire connaitre les cultures des peuples minoritaires de Chine (« La Chine constituée de 56 ethnies distinctes est un patchwork de culture essentiellement dominée par les Hans »). Très curieuse de la culture Hui (« Chinois islamisés qui sont souvent des paysans particulièrement portés vers la religion ») ,elle développe l’idée que le fait d’adapter une littérature dans une autre langue permet de nous affranchir des barrières entre les différentes civilisations . Meme si, selon son expérience du metier,il n’est pas toujours aisé de trouver des correspondances d’ordre linguistique voire synthaxique la ou l’écart culturel est trop important.

Corinna Gepner semble éprouver les mêmes difficultés pour faire face a l’hétèrogeneité intrasèque de la langue allemande (la culture juive germanophone n’est pas la culture autrichienne ni la culture allemande de souche) elle nous indique que « les textes autrichiens posent plus de problèmes », qu’il lui est parfois nécessaire de « régler des problèmes liés à la transcription de cultures  différentes ou d’opérer une contextualisation historique)

Parmi les intervenants,d’aucun sont d’avis pour affirmer que les notes de l’auteur s’avèrent être une aide bien utile pour mener a bien une traduction fidèle et juste.

Traduire un roman, traduire une culture, la manière d’appréhender cette question  diffèrent d’une langue a l’autre ; Bernard Escarbelt et Jean Paul Manganaro précisent que  traduire en francais signifie conduire a travers, soit pénétrer un texte et ce qu’il décrit, tandis qu’en anglais il est question d’un glissement, de déplacer quelque chose(translate) plus proche de la notion d’adaptation.

Jean Paul Manganaro souligne la complexité qui peut affecter l’acte de traduire dans les genres littéraires plus atypiques. Il s’appuye  notamment sur  l’écriture poétique (et la possibilité d’équilibrer ou de déséquilibrer les mots et leurs signifiants) pour démontrer  que le métier de traducteur est un véritable numéro de funanbulisme puisqu’une langue peut se subdiviser en plusieurs languages, puisqu’il faut toujours avancer à mi chemin entre 2 idiomes , puisqu’il faut en permanence d’un coté respecter un texte et son auteur et de l’autre satisfaire les attentes d’un public en quête d’intelligibilité linguistique. Jean Paul Manganaro se refuse à concevoir le traducteur comme un interprète ni comme un ecrivain. Son point de vue est tout autre .

A ses yeux le traducteur est le «  premier lecteur du texte original », au cœur de la production littéraire il est le plus à même de comprendre les subtilités, les difficultés liés à une langue et de trouver, parmi les éléments de la langue d’arrivée, les correspondances adéquates.

Finalement les intervenants en viennent au constat suivant : quelque soit l’étendue du talent d’un traducteur, il restera toujours un infime écart entre le texte de départ et la traduction.

Ecrit par Anthony Leleu, le Lundi 28 Novembre 2005, 08:29 dans la rubrique Le projet "Prix Amphi" de Lille 3.